Gamin intelligent, qui parle avec difficulté.

Tatiana Poukhova, docteur en psychologie, directrice du Centre 
  de psychologie consultative et pratique. Moscou. Russe
  tatiana-puhova@yandex.ru

1. Historiquement; c'est en société que le langage s´est développé chez les hommes. Dans le monde civilisé le petit d´homme se trouve dès sa naissance en compagnie de ses proches où il est soumis à l´influence de leur langage.
L´état actuel des connaissances scientifiques ne nous permet pas d´établir avec exactitude la nature de l´activité sensorimotrice et cérébrale déclenchée par la parole de la mère. Mais pourquoi rencontrons -nous tant de cas d'enfants qui ne parlent pas ou qui parlent très mal?

 La neuroscience nous indique que << l´origine commune des différents troubles phonétiques pourrait être un déficit de base affectant des données sensorielles transmises par le cerveau.>> Par ex. au niveau auditif... L´acquisition du langage est le résultat d´un processus biologique, lié à la maturation du système nerveux. Le développement du langage dépend de la maturation de zones spécifiques du cortex cérébral.

Notre perception marche de la manière suivante: chaque signal que nous allons vérifier avec une image, qui existe déjà dans le cerveau. Comment se construisent ces images. Par ex., vous savez, que pour trouver dans un dessin un cercle ou un triangle, il faut avoir déjà dans la tête des images de cercle ou de triangle.

Il faudra que la mère parle avec son enfant doucement en utilisant du vocabulaire et des phrases simples. Les nouveaux mots ne doivent être très nombreux. La conversation n´est pas une communication. Cette dernière peut être plus un échange émotionnel qu 'un échange d' informations. Pour parler simplement avec son enfant la mère doit être capable d'emphatie. Quand elle parle en utilisant des phrases compliquées, avec de nombreux mots inconnus,le langage devient pour l'enfant un bruit. Les chercheurs qui travaillent sur l´acquisition de la syntaxe partent en générale du principe que le système
d´analyse syntaxique fonctionne à partir d´une chaîne de mots. Mais obtenir la chaîne de mots, à partir de la parole continue, n´est pas si facile. En fait, la plupart des modèles de manières dont les adultes reconnaissent les mots dans les phrases, supposent une connaissance complète non seulement des mots mais aussi de la syntaxe de la langue. Assez souvent, chez les parents d'un niveau intellectuel élevés, les enfants acquièrent le langage en retard, car ils ne sont pas capable de saisir les mots connus dans une conversation compliquée.

Il ne faut pas postuler que l'école a le pouvoir de donner à chacun des possibilités culturelles égales, c'est seulement souhaitable, mais dans les limites du possible. La question primordiale: tous les enfants ont-ils à cinq ou sept ans le même <<niveau>> de langage? La réponse est: non. Pourquoi? Celà dépend encore des milieux socio-culturels dans lesquels vivent les enfants. Nous voulons ici présenter l´observation et la description de l´acquisition de la langue maternelle chez un petit garçon.

La cause et la conséquence gardent toujours une relation logique, mais il n'est pas facile de trouver cette relation, car les raisons des troubles de formation des étalons phonétiques sont vagues. Pour reconnaître un mot il faut auparavent garder dans la tête des étalons phonétiques. La langue est un système extrêmement complexe. Les modèles du traîtement du langage par l´adulte peuvent impliquer plusieurs niveaux de traîtements simultanés. Pour citer mon exemple personnel, pendant l´apprentissage de la langue française, j´ai pu remarquer que la phonétique était pour moi une difficultgé très importante. Pendant cinq années j´ai pu lire, écrire, parler un peu, mais je n´ai pas pu comprendre la langue orale. Je n´entendais pas,je ne reconnaissais pas les mots connus, je ne les distinguais pas. Après cinq années d'étude la compréhension est venue peu à peu. Je trouve que maintenant les gens parlent mieux.

  Une autre cause de difficulté verbale c´est l'absence de la pensée associative; quand l´enfant n´est pas capable de réussir une situation de signification multiple et commune. Si l´enfant refuse de changer sa chemise à carreaux ou sa casquette préférée, de la même manière il n´accepte pas, que vous utilisiez le mot <<une table>> dans sa signification générale comme un plateau posé sur des pieds, pour différentes tables: une haute, une basse, une ronde ou une carrée ,etc. Il a appris très bien qu´il s´appelle A.S. mais si sa grand mère va dire doucement « ah, mon petit fils! » il refuse fortement: « Je suis A.S. »
Lev Vygotsky a écrit: « Le mot toujours possède un sens général ». L'enfant a besoin de trouver le moyen de généraliser. Il faut du temps pour que ces enfants différents apprennent, que le chiens, grand ou petit, blanc ou noir, sont toujours des chiens.Il doit établir une correspondance de terme à terme.

  F. François et son équipe montrent (La Syntaxe de l'enfant avant 5 ans.1977) que l´enfant va du lexique à la syntaxe et ne combine pas les différents éléments librement. Dans notre livre <<Jeu symbolique et développement général de 2 à 3 ans>> nous parlons beaucoup du langage. Ce livre dans la plupart des cas présente des protocoles réels sur la durée du jeu symbolique que nous avons observé. Et dans ce livre nous montrons aussi que dans le contexte du jeu symbolique nous avons la possibilité évidente de constater l'amélioration du langage chez l´enfant. Il y a trois étapes remarquables que nous voulons préciser ici: l´enfant utilise 20 mots vers l´âge de 22 mois, après peu à peu il essaye de dire des phrases courtes à l´âge 30 mois et enfin on voit apparaître le récit simple sur l´événement inventé à 36 mois.

  2. Portrait.

Chaque enfant a son histoire bien particulière. Il faut sans cesse essayer de comprendre l´enfant à partir de ce qu´il est afin de répondre à son attente.  
Un gamin blond avec les yeux bleus. Quand il était tout petit ,c'était un bébé très agité. Il est bien connu que l'enfant agité est très sensible aux excès de stimulation et aux atmosphères chargées de tension. Il s'endormait avec difficulté, prenait peu de poids, mangeait très vite et vomissait. Dès la naissance, il a vécu un attachement fusionnel avec sa mère, en général très « couvante » et protectrice à l´excès, qui a fait transiter tous les rapports aux autres de son fils par son filtre à elle. Le père est considéré par l´enfant comme à l´écart, peu impliqué. La mère lui barre la route. Et le père, d´une certaine manière s´en accommode. Mais il n'est pas question ici de faire porter la culpabilité sur les mères. Dans la journée ,l´enfant a de multiples occupations obligatoires qui la plupart du temps vont se succéder. Face à elles, le garçon va se montrer parfois désinvesti, papillonnant.
   
  Il aimait frapper avec une baguette sur un tambour et sur d'autres objet. Il prend plaisir à faire des bruits forts . Mais un jeu de cubes qui s´emboîtent les uns dans les autres était le bienvenue. Quand il savait marcher il aimait tirer derrière lui un animal à roulettes, une petite voiture ou simplement un sac accroché à une ficelle. Sa mère vient d´acheter pour lui tout les jouets possibles. Sa chambre ressemble maintenant à une petite boutique de jouets. Il aime lancer des jouets avec de grandes cris de rage. Deux fois il a cassé les fenêtres de l´appartement. Il n'est pas maladroit, il est hyperactif, agité. Sa mère et sa grand mère lui répètent « doucement, s´il te plaît, doucement ». Faut-il chercher un sens à son agitation? Pas du tout! Il aime bouger.
à 20 mois il ne parle pas encore. Il a pu dire <<maman>> très rarement et parfois même pour son père. L´enfant a obtenu un diagnostique de « retardé ». Sa grand mère, mon ancienne cliente m´a appellée comme autre psychologue pour avoir un autre point de vue. « Est-ce possible qu'il soit retardé? »me demande-t-elle, et elle me raconte toute la situation de son adorable petit fils.
Je demande: « Peut il reconstituer une matriochka? » La grand mère me répond: - « bien sur! » 
Pour lui remonter le moral et l'encourager, je lui dis: « Voila, la matriochka - cette votre clé pour l'espoir ».

à 2 ans et 9 mois. Je rencontre enfin cet enfant. Il utilise environ 50 mots. Il aime jouer avec son petit avion, mais il sait distinguer les marques des voitures; il dit « jeep, bétonnière, bolide », il connaît les mots bateau et sous-marin. Il sait aussi imiter très bien le roulement de moteur d´une voiture. Il est capable de reconstituer un dessin coupé en quatre parties. Je donne un conseil à ses parents: lors de leur prochaine consultation chez le psychiatre, pour mieux faire valoir les réelles capacités de l'enfant, ils devront prendre les images correspondants aux objets qu'il connaît.Grâce à cela, le psychiatre a annulé son diagnostique et l´enfant a obtenu la permession d'aller au jardin d´enfants.
  

Il aime courir et rire avec les autres enfants. Il frappe un enfant et après s´enfuit.... ce garçon considère comme un jeu, le fait qu'on le poursuive, par contre du fait des problèmes que cela occasionne il n´aime pas venir au jardin d´enfants. Il est très conservateur en ce qui concerne la nourriture et les vêtements. Quand il fait mauvais, c´est très compliqué de lui faire changer de veste pour une plus chaude. 
  Ne pas se tenir tranquille ã cet âge, c´est normal. Il s´agit souvent d'enfants très jeunes et instables sur le plan moteur. Après chaque repas, ce gamin perçoit la nécessite de courir à travers l'appartement. À cette période, sa famille a beaucoup de problème avec
son comportement. En même temps sa mère va accoucher d'un deuxième enfant. Et alors, c'est le nouveau né qui reçoit toutes les attentions. Le gamin frappe sa petite soeur, il la pousse, il la pince. A vrai dire, il attend que le petite court et le poursuive. Pas de progrès verbale à cet période.

à 3 ans 9mois. La grand mère emmène chez moi, son petit fils. Maintenant il utilise environ 20 phrases qui sont « gelées ». On peut dire, qu’il reste encore en l’etape « des holophrases » : par ex. « remplir une tasse, remplir une voiture, remplir les fleurs » celà signifie pour lui trois situations différentes: qu'il a soif, mettre de l'essence dans la voiturre, aller aux toilettes . Il n´est pas capable de changer d'expression ou de construction de phrase. C'est pourquoi, il ne raconte rien et ne parle pas spontanément;il répond seulement à votre question si celle-ci correspond à une proposition qu'il possède déjà. Par conséquent,il ne raconte aucun événement parce qu' il ne sait pas construire denouvelle proposition. à partir de quatre ans les enfants sont grands questionneurs, ils demandent << Qu´est-ce que c´est? Pourquoi est-ce comme ça?>> Mais ce n´est pas notre cas. Ce garçon reste la plupart de temps sans mot, muet. 
Les visites chez l'orthophoniste ne donnent rien aussi, l´enfant refuse toujours faire ce qu'elle lui propose. Sa mère est très angoissé. Mais par contre, le garçon connaît les chiffres, quelques lettres, il peut compter jusqu' à 10 et est même capable de faire des
opérations mathématiques simples.

à 4 ans 9 mois. Son énergie l'empêche d'écouter une histoire. Il ne sait aucune poésie, il refuse toujours de répéter quelque chose. Quand sa grand mère lui proposait de répéter après elle:
  il était dans la rivière 
  un gros brochet qui savait se taire..
L´enfant l´arrête: « non, c´est toi, qui répètes: Voici un soldat , il court, il tire au fusil>>. Répéter pour imiter et apprendre grâce à celà, mais il ne se permet pas de faire cela: il est très « négativiste ». 
  Et quand arrivera le point culminant de notre récit? 
Pendant l'été, il va dans un groupe d' enfants âgés de 7 ans, qui bien sûr savent bien parler mais en utilisant un vocabulaire assez limité. En même temps il va prendre des cours chez une orthophoniste et le miracle arrive. Maintenant, c'est un gamin qui parle. Bien sûr, avec une terrible articulation et en utilisant des phrases sans fin et sans début, que seule sa mère peut comprendre. Mais le fleuve de mots coule, et cela se passe exceptionnellement ensoirée, quand il faut aller au lit moment où il brûle envie de parler. C'est un véritable encouragement pour toute la famille ;
 
  3. Conclusion.

L´enfant peut se développer selon ses moyens. Savoir parler c´est pouvoir comprendre mais avant il faut percevoir la parole, sa signification. Il faut même être capable de reconnaître le mot, et pour cela il est nécessaire de bien garder en soi-même, en tête l'étalon phonétique de ce mot,. Par ex.: pour apprendre à parler à un enfant sourd , il va falloir le forcer à prononcer les paroles. Les traces des paroles restent en tête grâce à l´articulation orale. Le moment de répétition doit être spontané, il doit devenir automatique. Répéter ou imiter c´est important Si l´enfant manque une des ces étapes indispensable, toute construction va se rompre!  
L´enfant est capable d'utiliser correctement plusieurs objets de son environnement avant la période de langage. Cet argument démontre, que la pensée se développé bien avant de langage. L´enfant est capable tel le ou telle couleur, il peut mémoriser où sa grand mère vient de cacher les bonbons.

 
L'intelligence non-verbale peut entraîner des progrès de développement verbal qui eux étaient en retard. Les étapes d'acquisition existent-elles? Où icommencent-elles, où se terminent-elles? A quel moment l'enfant va-t-il enrichir son vocabulaire. Il « attrape »de nouveaux mots bien avant de les prononcer mais quand ? Le jeu symbolique sert beaucoup pour l'apprentissage du langage.En ce qui concerne les jeux de construction, les puzzles, les mosaïques ce n'est pas la même chose. Le jeu de construction développe plutôt l'intelligence non verbale. Grâce à celà l'enfant va mûrir et il dévient capable de faire un grand saut dans un nouveau niveau du développement verbal.  
Pendant son développement l´enfant apprend l'expression complète. Il pourrait pratiquer pendant les jeux, dans une conversation avec sa mère ou avec autres enfants. Il va parler quand il se sent capable d´exprimer ses émotions, ses sensations, ses souhaits.

Encore un secret. Cette mère avec son fils ont visité plusieurs fois l´école Montessori un jour de porte- ouverte .Après celà, à la maison elle a coupé, collé, cousu, parcequ'elle voulait construire la même chose chez elle. Pour calmer le garçon très actif, il est toujours possible de lui proposer encore une boîte avec ces objets qu'elle a construit elle-même. Par ces outils on va très bien développer la pensée non verbale. 
Sa mère vient de lire les livres de Nikitin, pédagogue bien connu en Russe, qui explique de quelle façon possible développer l´intelligence chez les enfants. La mère de notre gamin elle-même possède une intelligence plutôt analytique, elle va préparer ces objets avec beaucoup de bonne volonté. Notre gamin par hasard se trouva en milieu très spécial-milieu de développement. Nous savons que parmi des personnes adultes nous pouvons trouver diffèrents types: la pensée associative et la pensée analytique.
Probablement l'acquisition de langage chez l' enfant va se faire de diffèrentes façons.